Justice et balance à la main

rome

L’explication égyptienne pose des questions. Mâat ne préside jamais une cérémonie toujours placée sous l’autorité d’Osiris, le grand juge. Mâat donne la mesure du juste mais elle ne juge pas, elle ne tient jamais la balance qui figure tout de même l’instrument du jugement. Il faudra attendre l’empire romain pour voir représenter la balance à la main de la justice.

A Rome, à partir des règnes de Vespasien et de Titus (80 après JC), la monnaie est frappée d’un côté à l’image d’une femme portant mention de l‘équité, parfois appuyée sur un bâton ou portant une corne d’abondance et tenant toujours une balance, et de l’autre, c’est l’empereur qui apparaît. La détérioration de la monnaie sur ce côté est considérée comme un sacrilège.

Le motif de l’équité et celui de la balance s’incorporent à la symbolique impériale pour exprimer ses vertus. La justice, ici gravée, n’est pas représentée en liaison avec les institutions judiciaires mais en liaison avec les qualités de l’empereur parmi lesquelles la pondération.

Le Haut Moyen Âge ne montrera aucune réticence à voir dans la femme à la balance la représentation de l’équité à laquelle est associée celle de la justice.

Il faut cependant relever un détail : les monnaies romaines qui fixent la relation justice / balance font également le choix de la balance. Il s’agit d’une balance grecque à deux plateaux. Ce qui peut sembler étrange car le type de balance le plus répandue est la balance romaine constituée d’un seul plateau et d’un poids.

La balance grecque oblige l’équivalence entre deux objets. S’ils sont de même nature, il faut établir une supériorité. Si les objets sont de nature différente, la balance grecque offre un moyen de comparaison peu pertinent car l’équité apparaît assez subjective, impossible d’établir une équivalence absolue car il n’y a pas de norme fixe.

La balance romaine propose, elle, avec son poids déterminé et invariable une mesure fixe qui exclut presque toute relativité dans les opérations. La balance romaine l’emporterait sur la balance grecque si cette dernière n’avait pas eu une fonction que la balance romaine ne possédera jamais, celle de juger.

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